• La trame verte et bleue est la structure naturelle d’une ville, offrant un ensemble d’avantages pour les différentes sphères de la vie urbaine.
  • Elle joue un rôle clé dans le renforcement de la résilience des villes par l’adaptation au changement climatique.
  • En intégrant des solutions basées sur la nature aux infrastructures urbaines traditionnelles, les villes peuvent faire face aux défis du changement climatique plus efficacement, tout en améliorant la qualité de vie de leurs habitants et en soutenant la biodiversité.

La trame verte et bleue est une solution multifonctions, offrant une série d’avantages pour les différentes sphères de la vie urbaine. Contrairement à l’infrastructure grise classique, axée sur des tâches uniques, les solutions vertes et bleues ont la capacité de répondre simultanément aux divers défis auxquels sont confrontées les agglomérations d’aujourd’hui. En combinant les fonctions environnementales, sociales et économiques, ce réseau vert apporte une réponse globale aux besoins complexes des métropoles contemporaines.

La définition la plus courante et la plus à jour de l’infrastructure verte et, en partie, de l’infrastructure bleue est celle que la Commission européenne a présenté dans son examen des progrès accomplis dans la mise en œuvre de la stratégie de l’Union européenne sur la trame verte. Elle a été définie comme « [...] un réseau constitué de zones naturelles et semi-naturelles et d’autres éléments environnementaux faisant l’objet d’une planification stratégique, conçu et géré aux fins de la production d’une large gamme de services écosystémiques. Il intègre des espaces verts (ou aquatiques dans le cas d’écosystèmes de ce type) et d’autres éléments physiques des zones terrestres (y compris côtières) et marines. À terre, l’infrastructure verte se retrouve en milieu rural ou urbain »[1].

Compte tenu de la définition ci-dessus, on peut constater que l’infrastructure verte et bleue dans un contexte urbain est un réseau complexe d’éléments naturels et semi-naturels interconnectés qui forment ensemble la structure naturelle de la ville. Les composants les plus importants de cette infrastructure sont les zones protégées et les autres zones naturelles telles que les parcs urbains, les forêts municipales, les réserves naturelles, de même que les réservoirs naturels d’eau et les zones humides. Ce « poumon vert » de la ville assure non seulement des habitats pour une variété d’espèces végétales et animales, mais offre également aux habitants des espaces de loisirs et de contact avec la nature. Les habitats reconstitués, qui visent à rétablir des écosystèmes naturels dans des endroits précédemment dégradés par l’activité humaine, sont aussi importants. Il s’agit notamment de friches industrielles renaturées, de prairies urbaines restaurées, de fosses et de terrils récupérés, de jardins pluviaux et de biotopes. Les corridors écologiques, tels que les allées vertes, les bandes vertes le long des rues, les bosquets dans les zones suburbaines ou les séquences de végétation le long des cours d’eau, permettent aux espèces de migrer à l’intérieur de la ville et de relier les écosystèmes urbains aux zones naturelles adjacentes. Les ponts verts et les passes à poissons, y compris les passages pour animaux sur les routes très fréquentées, les échelles à poissons sur les rivières et les ruisseaux urbains, et les tunnels pour les amphibiens et les petits mammifères, aident les animaux à se déplacer en toute sécurité dans l’environnement urbain, réduisant ainsi l’effet de la fragmentation de l’habitat. Les murs et toits verts, y compris les jardins verticaux sur les façades des bâtiments, les toits verts extensifs et intensifs, de même que les jardins sur les terrasses et les balcons, améliorent non seulement l’esthétique de la ville, mais aussi l’isolation thermique des bâtiments, réduisent l’effet d’îlot thermique et améliorent la rétention de l’eau pluviale. Enfin, d’autres espaces multifonctions, tels que les jardins communautaires, les fermes urbaines, les aires de jeux et de sport vertes, les parcs de poche dans les zones à forte densité ou les parkings verts avec un revêtement perméable, combinent des fonctions écologiques et sociales, offrant aux habitants la possibilité de participer activement à la création de l’infrastructure verte et bleue de la ville. Tous ces éléments, en agissant en tant que réseau cohérent, influencent la protection de la biodiversité, l’amélioration de la qualité de l’air, la régulation du microclimat, la gestion des eaux pluviales et l’amélioration de la qualité de vie des habitants.

La trame verte et bleue joue alors un rôle clé pour renforcer la résilience urbaine par l’adaptation aux changements climatiques, en atténuant les effets des phénomènes météorologiques extrêmes tels que les canicules ou les précipitations intenses. Elle contribue également à la réduction du risque d’inondation en augmentant la capacité de rétention des zones urbaines. Les espaces verts favorisent les loisirs et l’intégration sociale, ce qui améliore la santé mentale et physique des habitants. En outre, les toits et les façades verts améliorent l’isolation thermique des bâtiments, réduisant ainsi les coûts énergétiques et contribuant à accroître l'efficacité énergétique. En intégrant des solutions basées sur la nature avec l’infrastructure urbaine[2], les villes peuvent faire face plus efficacement aux défis du changement climatique, tout en améliorant la qualité de vie des résidents et en soutenant la biodiversité.

La ville de Bordeaux, qui met en œuvre un projet intitulé « 55 000 hectares pour la nature », constitue un bon exemple de développement d’infrastructures vertes et de renforcement de la résilience des écosystèmes urbains. L’idée maîtresse du projet est de changer la façon dont sont perçus les espaces verts et agricoles dans la ville. Au lieu de les considérer comme des sites potentiels de développement, l’initiative les considère comme des composantes essentielles d’un organisme urbain fonctionnant correctement. Cette approche représente un changement radical par rapport aux méthodes traditionnelles de planification urbaine, qui ont souvent donné la priorité au développement des infrastructures au détriment des zones naturelles. Dans le cadre de ce projet, les espaces verts et agricoles sont reconnus comme des éléments fondamentaux qui contribuent au développement durable et sain de la ville. Bordeaux fait ainsi figure de pionnière dans la création d’un modèle d’urbanisme qui combine harmonieusement les besoins d’une métropole en pleine croissance avec la protection et la valorisation de son patrimoine naturel.

Un autre exemple est le programme « Strasbourg ça pousse ». Il s’agit d’une initiative innovante visant à soutenir les habitants de Strasbourg dans la mise en œuvre de projets de verdissement et de développement de l’agriculture urbaine dans les espaces publics. Le principal outil du programme est le site web http://www.strasbourgcapousse.eu/, qui sert de portail central pour les initiatives vertes civiques. Par le biais de cette plateforme, les habitants peuvent soumettre leurs idées dans six catégories, dont la création de façades vertes, le jardinage à côté des arbres ou l’établissement de jardins communautaires. Les projets sont évalués par un comité d’experts urbains. Les initiatives approuvées doivent répondre à des exigences environnementales, telles que l’interdiction des pesticides. Le site web propose une carte interactive des espaces verts de la ville, ce qui permet aux habitants de se faire plus facilement une idée des ressources naturelles existantes de la ville. Le programme « Strasbourg ça pousse » est un exemple d’engagement communautaire efficace dans la création d’espaces verts urbains, combinant objectifs écologiques et activation civique.

Un exemple intéressant d’action dans ce domaine est également fourni par Gdańsk, qui met en œuvre une solution innovante pour la gestion de l’eau en promouvant les jardins pluviaux. Ces espaces verts spécialement conçus, composés principalement de plantes hydrophytes, sont utilisés pour collecter et traiter efficacement les eaux pluviales. Cette initiative, initiée par la société Gdańskie Wody, vise à augmenter la rétention urbaine et à s’adapter au changement climatique. Les jardins pluviaux, qui peuvent être créés à la fois dans le sol et dans des conteneurs, sont un outil efficace dans la lutte contre les crues et les inondations. Leur capacité d’absorption de l’eau est supérieure de 40 % à celle des pelouses classiques. Ils utilisent l’eau pluviale provenant des toits, des trottoirs et d’autres surfaces pavées, contribuant ainsi à une gestion durable des eaux pluviales dans la ville. Ce projet s’inscrit dans le cadre d’une approche globale de la rétention urbaine, associant infrastructures publiques et initiatives privées. En éduquant les habitants et en montrant des solutions pratiques, Gdańsk vise à accroître la résilience de la ville face aux événements climatiques extrêmes, tout en promouvant des solutions écologiques et esthétiques dans les espaces urbains.

[1] La Commission européenne (2019), Rapport de la Commission au Parlement européen, au Conseil, au Comité économique et social européen et au Comité des régions. Examen des progrès accomplis dans la mise en œuvre de la stratégie de l'Union européenne sur l'infrastructure verte, Bruxelles, le 24/05/2019.

[2] La Commission européenne (2019), Rapport de la Commission au Parlement européen, au Conseil, au Comité économique et social européen et au Comité des régions. Examen des progrès accomplis dans la mise en œuvre de la stratégie de l'Union européenne sur l'infrastructure verte, Bruxelles, le 24/05/2019.

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